• Ils sont à plaindre ces amants,
    Ils sont à chaque bout de trottoir,
    Ils se dirigent inconsciemment,
    Comme un troupeau à l'abbatoir.

    On leur a vanté l'idéal,
    L'apothéose, la joie immense,
    Sans leur parler du principal,
    La vie à deux n'est que souffrance.

    Un couple est toujours en instance,
    Si on ne veut les déranger,
    Il y aura comme non assistance,
    A deux pauvres personnes en danger.

    Quand on sait tout le mal qu'il sème,
    Vaut mieux fuir ou rester de glace,
    Lorsque quelqu'un nous dit : je t'aime,
    Car c'est bien la pire des menaces.

    Si avec l'amour, je suis brute,
    Je loupe peut-être une fin heureuse,
    Tanpis, je sais qu'au moins ma chute,
    En sera moins vertigineuse.

    Penser l'amour sans couleur,
    Voir tout en noir, m'aura permis
    De panser les plaies, les douleurs,
    De mes pauvres rêves endormis.

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  • Depuis tout p'tit, on nous bassine,
    D'histoires à dormir debout,
    Ces contes de fées nous assassinent,
    Ils sont que mensonges et tabous.

    On nous dit, ils vécurent heureux,
    Et eurent plein d'enfants en retour,
    Aujourd'hui le prince valeureux,
    Grenouille tout en bas de sa tour.

    Où seules l'accostent les patrouilles,
    Qui voit en lui un clandestin,
    Son carrosse n'est plus une citrouille,
    Tout juste le métropolitain.

    On veut nous faire croire, sans arrêt,
    Que l'innocence est féminin,
    De nos jours, la belle se serait,
    Déjà tapée tous les sept nains.

    L'amour n'est jamais réciproque,
    Faut arrêter de nous bluffer,
    Y a qu'les adultes à notre époque,
    Pour croire encore aux contes de fées.

    Si un baiser éveille le corps,
    De la princesse dans son linceul,
    A mon avis, depuis qu'elle dort,
    Elle doit vraiment puer de la gueule.


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  • Je n'ai pas l'amour charitable,
    Pas question de m'faire dépouiller,
    Ca n'a jamais été rentable,
    Mon compte amour est verrouillé.

    Cela peut paraître mesquin,
    Mais c'est un placement trop risqué,
    Aimer c'est pire qu'un gros emprunt,
    C'est toute une vie confisquée.

    Mes sentiments, je les conserve,
    Car aimer est trop dangereux,
    Mon capital, je le préserve,
    J'ai un découvert amoureux.

    On peut me dire pingre ou avare,
    Car même si on me plébiscite,
    Je ne veux guère m'émouvoir,
    J'ai un trop profond déficit.

    Parfois, j'aimerais être altruiste,
    Et tout mon amour consommer,
    Mais je préfère être réaliste,
    Pour combler mon manque à aimer.

    L'amour c'est sans ultimatum,
    Radin, crieront les vaniteux,
    Je suis en fait, juste économe,
    Il y a tant de nécessiteux.

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