• Toute sa vie, on fait des rêves,
    Quand je s'rai grand, je s'rai motard.
    Je mettrai les méchants en grève,
    Je saurai user d'mon pétard.

    On s'imagine, quel paradoxe,
    Que quand on s'ra grand, ce s'ra mieux,
    Mais tout ça, c'est que d'l'intox,
    Le temps nous rend tout juste plus vieux.

    Toute sa vie, on fait des rêves,
    Quand je s'rai grand, je s'rai docteur,
    Ainsi, je pourrai mettre une trêve,
    A tous les maux, toutes les douleurs.

    On s'imagine avec des locks
    En chanteur de raga retro,
    On se projette champion de boxe,
    Jamais en chanteur de métro.

    Toute sa vie, on fait des rêves,
    Quand je s'rai grand, j's'rai professeur,
    Et je donnerai aux élèves,
    Une éducation, des valeurs.

    On s'imagine que l'équinoxe,
    Est la seule maîtresse des saisons,
    Mais c'est bien la populi vox,
    Qui a raison d'nos déraisons.

    Toute sa vie, on fait des rêves,
    Quand je s'rai grand, j'suis d'jà en r'tard.
    Il est bientôt l'heure que je crève,
    Et c'est tant mieux, j'en avais marre.

    Toute ma vie, j'ai fait des rêves,
    Quand je s'rai grand, il est trop tard,
    L'ensemble de mes espoirs s'achève,
    Ma vie n'a été que cauchemar.


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  • C'est vrai que la trentaine effraye,
    D'un grand coup d'massue, elle nous coiffe,
    Elle nous fait prendre de la bouteille,
    Et cela même jusqu'à plus soif.

    Un beau matin, quand on se lève,
    Sans même y faire très attention,
    On n'estime plus sa vie en rêves,
    Tout juste en réalisations.

    Ce cap est une vrai section,
    La vie nous fait sa dernière danse,
    On s'plonge dans une introspection,
    C'est là que l'existence commence.

    Pour moi, c'est un âge très critique,
    Car il soulève des dilemmes,
    A caractère métaphysique,
    Dont on ne peut sortir indemne.

    A vingt-neuf ans et des poussières,
    On s'aperçoit de son grand âge,
    Ces trente balais, cet âge de pierre,
    Nous incite à faire le ménage.

    On se démène comme un beau diable,
    On se rend compte à mon avis,
    Que sont maintenant irrémédiables,
    Les choix que l'on fait dans sa vie.

    Mais on y passe tous "in fine",
    Il n'y a pas d'quoi faire des envieux,
    Je n'ose à peine l'imaginer,
    Je suis trop jeune pour être vieux.

    On aim'rait tous stopper le temps,
    Car je pense que tout le monde sait qu'on,
    Devient très vite après trente ans,
    Plus un petit, mais un vieux con.

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  • Pour toi je me suis mis en quatre,
    Et aussi sur mon trente et un,
    Mais sans couper les ch'veux en quatre,
    Perdant, j'étais, à dix contre un.

    Sur mes deux oreilles, je dormais,
    J'ai mille raisons de t'faire la peau,
    Tu joins les deux bouts désormais,
    Entre deux coup d'cuillère à pot.

    Le démon d'midi qui t'escorte,
    T'en as juste fait ton p'tit quatre heures,
    Chacun voit midi à sa porte,
    Ou cherche midi à quatorze heures.

    Faut être un as et très sérieux,
    Pour courir deux lièvres à la fois,
    T'as juste omis qu'un tient vaut mieux,
    Bien souvent que deux tu l'auras.

    Sept ans de malheur, de déveine,
    A se mettre, au carré, la tête,
    A se saigner aux quatre veines,
    Telle la cinquième roue d'la charette.

    J'vois défiler les quatre saisons,
    J'brûle ma chandelle par les deux bouts,
    Treize à la douzaine de raisons,
    J'ai de vouloir te tordre le cou.

    Tu m'as fait un bouillon d'onze heures,
    J'aurais dû m'méfier, c'était louche,
    Tourner sept fois, pendant des heures,
    Ma langue bien pendue, dans la bouche.

    Pourquoi r'mettre les pendules à l'heure,
    Les deux sons d'cloche ont retentis,
    On s'retrouv'ra, il n'y a pas d'erreur,
    Sans doute, la s'maine des quatre jeudis.

    Tu t'en fiches comme de l'an quarante,
    Tu n'as plus rien à me prouver,
    Maint'nant, j'repars comme en quarante,
    Une de perdue, dix de r'trouvées.


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  • J'aim'rais orner cette feuille blanche,
    De belles images tendres et câlines,
    Mais mon stylo, n'est qu'arme blanche,
    Et mes idées ne sont qu'épines.

    Tu m'as aimé, un peu, beaucoup,
    A la folie, passionnément,
    Puis pour finir, le pas du tout,
    S'est vu éclore tout doucement.

    Quand j'effeuille tout notre passé,
    Tout ce bel amour florissant,
    Sertis de quelques branches cassées,
    J'étais sur un terrain glissant.

    Je t'ai pourtant couvert de fleurs,
    Je passais te cueillir chez toi,
    Je n'ai même pas pris de tuteur,
    Pour te faire partager mon toit.

    Je me croyais fort comme un chêne,
    Je n'ai vraiment pas eu de pot,
    Je ne récolte que de la peine,
    J'en ai les nerfs à fleur de peau.

    D'engrais ou de force, on se quitte,
    La mauvaise herbe est si futile,
    On fait les comptes et on s'acquitte,
    Notre histoire était infertile.

    Je t'avais pourtant proposé,
    De t'faire une fleur, d'en rester là,
    Mais j'suis l'arroseur, arrosé,
    T'as préféré me planter là.

    J'te croyais ma chance, mon bonheur,
    Tu n'as été qu'mauvais présage,
    Je te souhaitais fleur d'intérieur,
    Mais ton naturel est sauvage.

    La leçon que j'ai donc apprise,
    Pour finir sur une pointe d'humour,
    Faut conserver, quoi qu'on en dise,
    Son jardin secret, en amour.


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